Lucky Luke – La légende de l’Ouest
Grande vedette du western spectacle, Buffalo Bill engage quatre comédiens pour jouer le rôle des Dalton au cours de ses tournées. L’interprétation des quatre bandits est assez pathétiques. Ceux ci sont présentés comme des espèces de robins de bois à guitare défendant la veuve et l’orphelin.
Découvrant cela, les vrais Daltons s’échappent de prison. Profitant de l’engouement que suscite leur nom, ils montent leur propre numéro sous l’oeil guogenard de Lucky Luke. Les Daltons resisteront-ils au harcèlement des fans et à la pression médiatique ?
« La légende de l’Ouest » est le dernier Lucky Luke achevé par Morris. L’auteur, décédé en juillet 2001, nous offre un album qui laisse une étrange sensation de testament.
Le titre et le dessin de couverture sonnent comme une synthèse ou un bilan de l’oeuvre.
Le dessinateur avait il accepté ce scénario en pensant que cet album serait son dernier ? Rien n’est moins sur…
Morris était un dessinateur très rapide et un travailleur infatigable. Les Lucky Luke paraissaient tous les ans à un rythme de métronome. Il prétendait d’ailleurs souhaiter être enterré avec du papier et des crayons au cas ou l’envie de dessiner le reprendrait.
L’âge aidant, Morris obsédé par la lisibilité et l’efficacité avait beaucoup simplifié son trait et pas mal usé de la photocopieuse. Les reproches que lui avaient valu l’évolution de son style avaient tendance à le mettre hors de lui.
Graphiquement, « La légende de l’Ouest » renoue avec le meilleur de Lucky Luke. Le retour au pinceau redonne aux personnages la fluidité et une forme d’épaisseur qu’ils avaient perdu. Morris nous fait donc un joli cadeau en nous prouvant qu’a 78 ans, il n’avait pas perdu la main.
Le scénario est signé Patrick Nordmann, animateur de radio Suisse, auquel nous devions déjà l’album « le Prophète » paru deux ans plus tôt dans la même collection.
L’histoire est amusante et l’on ne boudera pas son plaisir. Le décryptage des aspects irrationnels de la célébrité nous offre un savoureux second degré de lecture.
Peut-être pourra t’on toutefois reprocher une fin un peu abrupte. L’auteur, victime du format 44 planches, semble avoir dû condenser la fin de son récit après s’être un peu laissé aller en route.
Quoiqu’il en soit, l’album est une jolie conclusion de la part d’un auteur dont l’oeuvre a tant apporté au 9e Art.
Lucky Luke – La légende de l’Ouest – Morris – Lucky Comics