Fines bulles

Machine qui rêve (1998)

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Spirou et Fantasio – Machine qui rêve

Seccotine parvient à convaincre Spirou de se porter cobaye humain volontaire pour infiltrer un laboratoire sur lequel planne des soupcons d’opérations illégalles. Au cours de sa visite, ce dernier découvre une endroit secret puis ce sera le trou noir. Spirou se réveillera à demi amnésique sur une autoroute en construction. Pour une raison qu’il ignore, il sera traqué sans merci par une équipe de tueurs bien décidés à le stopper.

Attention rupture ! Combien de fans de Spirou ont été décontenancé en découvrant cet album ! Tome et Janry, aux commandes du personnage depuis 1983, prenaient ici un virage à 90 degrés. Le risque était considérable. Les deux auteurs en ont été pour leur frais. « Machine qui rêve » marquera la fin de la période Tome et Janry sur le personnage.

Le ton est donné des les premières planches. L’album s’ouvre sur une scène de film dont l’atmosphère anxiogène préconise ce qui arrivera aux héros quelques pages plus tard. En choisissant de peindre les bordures de cases en noir, les auteurs enfoncent le clou. Spirou est passé à l’ère du thriller.  En plongeant Spirou dans un graphisme noir et réaliste, Philippe Tome se rapproche de l’univers de Soda, série sur laquelle il travaillait avec Bruno Gazotti.

Cette métamorphose visuelle va de pair avec une nouvelle maturité. Dans une sorte de clin d’oeil au lecteur nos héros insistent de manière un peu vaines sur les questions qui vont avec.
Seccotine exige désormais qu’on l’appelle Sophie, tandis que Spirou et Fantasio s’interrogent sur les conditions d’une vie sans prénom.
Difficile d’accès, cet album est aussi déroutant que passionnant. Tome et Janry brouillent les pistes visuelles et narratives. Le scénario très SF évoque Blade Runner où l’univers de K Dick. Simple au premier abord, l’histoire recèle des ficelles qui méritent une deuxième lecture.
Quoiqu’en disent les nombreux détracteurs, le côté adulte de « Machine qui rêve » en fait à mes yeux, un album majeur, nécessaire.
L’aventure connaîtra l’embryon d’une suite à travers un « Spirou à Cuba » dans lequel apparaissait Zorglub. Hélas seules les dix premières planches seront réalisées. Les mauvaises critiques et le peu de succès en librairie du précédent opus eurent raison du projet.
Tome et Janry se focaliseront ensuite sur le « Petit Spirou » qu’ils avaient crées et qui connaissait alors un succès grandissant.
Le grand Spirou connaitra par la suite une longue période d’interruption avant que Morvan et Munuera ne reprennent le flambeau en 2004.

Pour les curieux, les planches de « Spirou à Cuba » furent publiées dans le Journal de Spirou n 3839 du 09/11/2001.

Machine qui rêve – Spirou et Fantasio ©Tome et Janry – Editions Dupuis 1998
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