Fines bulles

SOS Bonheur (1984)

SOS BonheurSOS BonheurSOS Bonheur

SOS Bonheur fut écrit en 1980.

Prévu au départ pour la télévision, la série devait se décliner épisodes de 50 mn. Le projet tourna court en 1982 car considéré comme trop dur par les patrons de chaîne. Sous l’impulsion de Philippe Vandooren, rédacteur en chef de Spirou, Van Hamme décida de l’adapter à la bande dessinée . Les six premiers scénarios furent remaniés pour devenir les deux premiers tome. Un troisième album fut mis en chantier dans la foulée afin de donner la clé de l’histoire.

Dans la préface de l’édition intégrale, Van Hamme nous révèle l’origine de la série. L’idée lui serait venu alors qu’il travaillait comme chef de département dans une multinationale. Il recevait alors tous les mois un épais listing de chiffre dont il ne comprenait ni l’origine, ni la finalité. Intrigué, une enquête parmi ses collègues révéla qu’aucun d’entre eux ne savait de quoi il retournait, tant et si bien que l’ouvrage finissait le plus souvent à la poubelle. En remontant cette mystérieuse filière, Van Hamme découvrit l’existence d’un employé modèle en charge de la création de ce document. Ce dernier remplissait sa mission avec zèle, sans se poser une seconde la question de l’objectif de sa tâche.

L’absurdité de cette situation constitua la matière première d’SOS Bonheur, dont le premier récit fut directement inspiré par cette histoire. Le thème principal de cette fable ubuesque et terrifiante laisse songeur. A quelle extrémités nous conduirait une société qui, au nom du progrès de l’humanité, transformerait les notions de bonheur et de sécurité en règles totalitaires. Qu’arriverait il à ceux qui refuseraient ce bonheur en conserve défini par un système pensé pour l’épanouissement de chacun. Orwell n’est pas très loin… Van Hamme souhaitait s’interroger sur les conséquences possible des dérives d’un état providence sur les liberté individuelles.
Sans dévoiler l’issue d’une l’intrigue où rien n’est laissé au hasard, la seconde question, et non des moindres s’articule autour des notions de la manipulation des masses poussée à l’extrême. Jusqu’où les tireurs de ficelles peuvent ils pousser le cynisme ? Un dénouement fort innatendu ne laisse que peu d’espoir à cet égard.
Certes l’histoire fleure bon une époque moins riche que la notre sur le plan technologique. Si l’approche semble un peu datée, les questions de fond restent d’une dérangeante actualité. On sera amusé de constater que le livre évoque la possibilité de la carte bleue ainsi que du fichage individuel via un numero sans lequel aucun d’entre nous ne possède d’existence légale.
Le dessin du brillant et prolifique Griffo qui s’essayait pour la première fois au réalisme n’a pas encore trouvé la maestria dont il fait preuve aujourd’hui mais les bases sont déjà là. Le troisième Tome réalisé un peu plus tard, témoigne de cette évolution.
L’époque a changé, mais SOS Bonheur continue, 30 ans après sa conception, à faire une quasi unanimité parmi ses lecteurs.

SOS Bonheur – Griffo – Van Hamme – Aire Libre Dupuis

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