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Les cousins Daltons (1957)

Les cousins Dalton  Les cousins DaltonLes cousins Dalton

Lucky Luke – Les cousins Dalton

Les Cousins Dalton furent publiés par épisodes dans le journal de Spirou en 1957. Il s’agit de la première apparition de ces personnages présentés comme les cousins maladroits des authentiques frères Dalton mis en scène dans l’album « Hors la Loi » quelques années plus tôt. L’histoire est assez simple. Les copies veulent se faire un prénom en se débarassant de Lucky Luke responsable de la mort de leurs cousins. La tâche ne sera pas aisée, tant le quatuor se montrera maladroit.

René Goscinny signe le scénario, mais ne sera pas crédité sur les premières version de l’album. Le dessin, nerveux, semble jeté quasiment directement sur le papier. Morris n’a pas encore atteint la virtuosité graphique qui sera la sienne 10 ans plus tard. L’approximation de certains détails nous en disent long sur la cadence de travail que l’on devine derrière la publication hebdomadaire, mais qu’importe… La dynamique de l’ensemble est superbe !
Morris était connu pour crayonner peu et dessiner très vite. Sa méthode suscitait entre autre l’admiration de son camarade Franquin.
Le Lucky Luke de cette époque est déjà un théâtre d’ombres et d’atmosphère. Les codes visuels du Western sont très présents. Les contre jours et les silhouettes donnent une dimension toute cinématographique au récit.
On comprend ainsi mieux le recours à ces aplats de couleurs unies appliquées aux personnages qui marqueront la suite de son oeuvre. L’album a recours à ce procédé de facon ponctuelle. La seule couleur utilisée à cet effet reste le gris.
On notera aussi quelques trouvailles de mise en scène fort novatrices pour l’époque.
À la page 27, les titres de journaux en surimpression des chevaux galopant fait sensation, au même titre que l’empilement des dialogues entre William et Averell prisonniers, menaçant Luke des pires horreurs.

Sur un plan scénaristique, la fin de l’album est nettement plus inspirée et libre que le début un peu engoncé dans les stéréotypes. L’histoire prend une réelle dimension des l’instant ou les frères se séparent pour capturer Lucky Luke. La scène ou Jack terrorise la ville depuis sa chambre d’hôtel est magistrale. Celle de la capture de Joe répond directement à celle de Bob Dalton dans « Hors la Loi ».

La volonté de Goscinny d’apporter à Lucky Luke tout un lot de méchants rigolos prend tout son sens.
« Les Cousins Daltons » s’inscrivent dans cette tradition. Ces personnages feront un tabac tel, que le public les redemandera tous les deux ou trois albums.
Joe mis à part, leurs caractères ne sont pas encore affirmé. Averell ne semble ni plus goinfre ni plus bête que ses frères. William et Jack possèdent encore une individualité propre qui friserait l’indépendance.
Une petite incohérence nous indique que leurs noms sont parfois encore confondus. William, le petit et Jack, le grand, échangent leurs rôles à la fin de l’album (à partir de la page 34).
À en croire Lucky Luke, Averell serait l’aîné des quatres… « Où sont tes petits frères ? » lui demande t’il après sa capture. L’album Ma Dalton en 1971 nous démontrera l’inverse.
Enfin la dernière case de l’album esquisse la direction que prendront les personnages. Tandis que ses frères se rejettent la responsabilité de leur capture, Averell demande pour la première fois: « Quand est ce qu’on mange? ».

Lucky Luke – Les Cousins Dalton ©Morris Goscinny Editions Dupuis
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