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Puppet blues (1997)

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Les Tuniques Bleues – Puppet Blues

Afin d’assurer la promotion de la guerre et inciter les vocations, l’Etat Major Nordiste envoie le photographe Sutton en première ligne avec une mission précise: ramener des clichés vivants et flatteurs de la vie du front et des combats. Le 22e de cavalerie sera mis à contribution afin d’assurer des reconstitutions aussi aussi grotesques que mensongères.

Paru en 1997, « Puppet Blues » est le 39e album des « Tuniques Bleues ». Le scénario est particulièrement intéressant à plus d’un titre.
Tout d’abord, l’album nous éclaire sur le stade auquel se trouvait la toute jeune photographie au cours des années 1860. Les clichés nécessitaient de longs temps de pause, interdisant toute capture du mouvement pris à la volée. Le résultat était souvent fort académique ou figé. Sutton, un photographe engagé par l’armée est chargé de redonner de la vie aux images militaires. Les limites de la photographie d’époque lui imposera d’imaginer des systèmes à base de cordes et de poulies, afin de maintenir chevaux et cavaliers dans d’héroïques position des charges. Le procédé, aussi complexe qu’approximatif, ne fera pas illusion. Les ficelles seront visibles au propre comme au figuré.

La guerre est un monstre que l’on ne nourrit jamais assez. L’album, à l’image de la série pointe du doigt l’imbécilité et la malhonnêté d’un Etat Major planqué, glorifiant les atrocités quotidiennes afin d’encourager les recrutements. Ce type de propagande, apparu des les premières étapes de la photo, fut hélas très en vogue jusqu’à assez tard.
Enfin, les notions d’obéïssance, de soumission aux ordres, et d’individualisme professionnel restent très présents dans cette histoire. La description du personnage de Sutton nous dévoile une facette peu recommandable de la nature humaine. Doux et affable au début, le photographe se transforme au fil des pages en un dictateur imbu et arrogant. Il s’agit à l’évidence d’une caricature de ces personnalités qui, soumise à une autorité qui les dépasse, développent un excessif sens du devoir. Ceux là même que les honneurs et la flatterie conduisent aux pires extrémités.
Ainsi les « Puppets » de l’album ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Si Chesterfield joue ce jeu imbécile, Blutch tentera de faire échouer l’entreprise, avec la complicité inattendue du général Alexander, qui ne manquera pas de se protéger au passage.
Nous ajouterons pour conclure, une mention spéciale au travail de Lambil, dont les merveilleux lavis reproduisent à merveille l’esprit des clichés de Sutton.

Puppet Blues – © Lambil/Cauvin – Editons Dupuis 1997
 
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